Berrien. 1EUR le m² pour sauver l'école

Des terrains viabilisés vendus 1 EUR le m² ! C'est la décision prise par la commune de Berrien pour tenter d'attirer des nouveaux habitants et ainsi se battre contre la fermeture programmée d'une classe à la rentrée. Une action aussi symbolique d'un petit bourg qui fait tout pour sauver sa peau.

« On lutte pour nos classes ». À Berrien, le message est partout. Sur les tee-shirts, à l'arrière des voitures, sur la façade de la mairie, dans les commerces et, bien sûr, à l'école. Plus de deux mois après l'annonce de la carte scolaire, la petite commune des monts d'Arrée continue de se battre contre la fermeture d'une classe.

Dans le lotissement qui jouxte l'école


À Berrien, on n'est pas du genre à lâcher. Surtout lorsqu'une décision est perçue comme injuste. Et pour le coup, la population ne digère pas du tout la suppression programmée d'un poste d'enseignant. « On décide de fermer une classe sur la base de prévisions d'effectifs faites en novembre 2014 et qui ne correspondent plus à la réalité. Une commune, ça bouge ! », s'agacent le maire, Paul Quéméner, et sa première adjointe, Marie-Pierre Coant. En septembre dernier, l'école avait débuté l'année avec 72 enfants et elle la termine à 81. Alors, pour les parents d'élèves et les élus, les prévisions 2015 (73 enfants) ne justifient pas une fermeture. D'autant que cela obligerait un enseignant à gérer une classe de CE2, CM1, CM2 composé de 31 élèves. « Ingérable », affirme Marie-Pierre Coant, elle-même ancienne institutrice.

Depuis deux mois, les Berriennois tentent donc de se faire entendre par tous les moyens. Après avoir manifesté à Quimper, sur l'axe Lorient-Roscoff, à l'arrivée du semi-marathon Huelgoat-Carhaix, lors d'une réunion du recteur d'académie ou encore devant le chantier de l'usine chinoise Synutra, ils ont trouvé un nouveau mode d'action original.

Le conseil municipal a décidé de vendre dix terrains viabilisés et constructibles à 1 EUR le m² (800 m² en moyenne) au lieu de 9,50 EUR. Ils espèrent ainsi que le lotissement communal de Liorz an ti (le verger de la maison, en breton), qui jouxte l'école, se remplira rapidement et accueillera des familles dont les enfants grossiront les effectifs de maternelle et de primaire.

Pas question de mourir à petit feu


Les élus berriennois ne sont pas les premiers à tenter ce pari. Deux communes du Calvados et du Cantal l'ont fait récemment. Et ça a fonctionné. À la fin des années 80, Le Moustoir (22) en avait fait autant, mais en francs, pour tenter de se repeupler (lire ci-dessous).

Pour Berrien et ses 987 habitants, le message lancé est fort. Ils refusent de mourir à petit feu et l'école est un symbole. Depuis plusieurs années, les élus tentent de rendre la commune attractive et de rajeunir la population. Malgré des moyens modestes, Berrien dispose ainsi d'une salle multifonctions, d'un centre de loisirs, d'une médiathèque-ludothèque, d'une aire de jeux multisports ou encore d'une maison d'assistantes maternelles, qui s'installera, l'an prochain, dans un bâtiment neuf permettant d'accueillir jusqu'à 16 enfants. Et au même moment, l'école sera peut-être amputée d'un poste. Dur à avaler.

« Ce n'était pas la peine de se donner autant de mal si c'est pour en arriver là », souffle le maire qui espère à présent un geste de l'État pour permettre aux familles de « continuer à vivre en zone rurale ». Si ce n'est pas le cas, les parents d'élèves ont déjà prévenu. Ils sont prêts à créer une classe sauvage à la rentrée avec des enseignants retraités. « Le programme de la première journée est déjà prêt ».

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Mairie de Berrien : tél. 02.98.99.01.14.

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